Banque chtimi : une banque de mots chtis

Episode 18

Episode  18 : Audresselles

La tite fiête

 

 

Nos souris se sont installées pour la nuit, au camping municipal ‘Les ajoncs’. Le gérant du camping a préparé pour ses quelques clients une caudière*. Une fois les tentes montées, elles filèrent aux sanitaires se préparer pour la fête costumée de ce soir. Nina est déguisée en magicienne et fait sa fanfaronne. Prise dans la peau de son personnage, elle tenta en vain de faire disparaître son savon. Quant à Ernestine, qui se déguisa en lapin, elle éprouva quelques difficultés à ficeler ses oreilles pour en faire des oreilles élancées de lapin. Comme de bonnes représentantes de la gente féminine, c’est ensuite une interminable séance de maquillage et de coiffure qui commença.

« Passe-me ch’détouilleux que j’me rafule !, lui lança Ernestine ironiquement, toute fière de lancer une colle à son élève qu’elle traduisit dans la foulée : « Passe-moi le peigne que je me coiffe. C’est pourtant simpe non ? » Piquée dans son amour propre, Nina riposta :

- Madame fait sa fière et moi si je te dis : Chare hou pec a lacke hou rer de prèke. Sais-tu ce que cela veut dire ? Eh bien ça veut dire : « Ferme ta bouche et laisse ton cul parler. » c’est pourtant simple non ?

Cette petite chamaillerie a fait naître petite bataille d’eau entre nos deux linguistes. Entre « Il n’a pas soif le petit lapin ? » ou encore « Ah la magicienne, té voudros pas faire apparaître un parapluie. » chacune veut avoir le dernier mot. Puis retrouvant enfin leur calme, elles partirent belles, déguisées et mouillées en direction de chez la musaraigne : l’organisateur de la petite fête. Sur les lieux, elles sont accueillies par la fanfare du carnaval et une curieuse odeur de vers de terre grillés flotte dans l’atmosphère. La musaraigne, déguisée en zorro, les accueille:

- Hola bellas. Bienvenue à mason. Allez minger un vier ou deux.

-  Merci, répondit Nina, mais boire un verre ou deux volontier. »

Nina découvre la musique carnavalesque et ses instruments dont la grosse caisse qui fait tambouriner son cœur.

« Qu’est que c’est entraînant, dit-elle à sa lapine de copine !

-Cha ch’est bin vrai, mais l’meilleux momint ch’est l’chahut.

- C’est quoi le chahut. »

A ce moment là, la foule se pressa sur Nina qui disparut dans la masse. Enfin un tour de magie qui fonctionna. Puis la foule se dispersa et c’est alors qu’un jeune homme, déguisé en capitaine, s’approcha d’elle.

- Vos n’avez rin mad’moiselle, lui dit-il ?

- Non, merci beaucoup enfin bieucoup.

Nina aidée par son chevalier servant, se releva et observa mieux ce dernier. Alors elle lui demanda :

- Vous avez un beau costume de capitaine où l’avez-vous acheté, à sourismarché peut-être ?

- Non je l’ai treuvé dans l’mason de min cousin Guylain. 

Nina fut surprise de cette réponse. Et si c’était celui de Gabou ? Alors elle reprit :

- Comment ? Vous l’avez trouvé… ? Puis-je regarder l’étiquette au dos s’il vous plaît. »

L’officier acquiesça et Nina vit inscrit sur l’étiquette « Vannes Location ».

Cette veste a sans aucun doute appartenu à Gabou, il est donc vivant. Nina n’a jamais été aussi heureuse que ce soir-là, elle se jeta dans les bras de son amie Ernestine pour partager avec elle sa joie. Nos souris émues, laissèrent échapper quelques larmes de bonheur.

« J’cros qu’i va cor falloer incore s’armaquiller !, lui dit Ernestine.

- J’cros bin t’as raison, lui répondit Nina.»

Nina et Ernestine questionnèrent ce curieux capitaine pour avoir plus de renseignements. Puis elles se remirent à danser et à rire comme de petites adolescentes de sortie à leur première surprise partie. Puis après quelques farandoles et autres danses populaires, les paupières commencèrent à battre au flet*, cela signifie qu’il est temps d’aller se coucher. Mais ce capitaine et ses amis ne voulurent pas les laisser partir ses princesses sans un petit médianoche* de soupe à l’oignons.

 

 

Aides pour la compréhension :

caudière : soupe de poissons riche en espèces pêchées en eaux parfois inhospitalières

yeux qui battent au flet : les paupières qui clignent comme les flétants et qui annoncent la fatigue.

médianoche : repas de nuit  (réveillon)

 


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