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Noël chti

Noël chti

dans le Nord Pas de Calais

mise à jour : 25/12/2023

 

 

mise à jour : 25/12/2023

 

 

1er étape

La saint-Martin

L’esprit de Noël commence 4 semaines avant Noël : c’est l’Avent.

Dans des temps plus anciens, l’Avent commençait dès la saint Martin le 10 novembre et durait donc 6 semaines. L’Avent était un temps de préparation à la venue du messie et donc un temps de jeûne (pas de matières grasses et pas de mariage non plus) ; c’était le carême d’hiver.

 

(voir document sur la saint Martin)

 

2e étape

Le calendrier de l’Avent

Les enfants, qui n’ont pas comme vertu la patience, comptent les jours jusqu’à Noël et pour les aider à patienter, on réalise un calendrier de l’Avent.

A l’origine, on ne trouvait pas de chocolat chaque jour un image pieuse dites « images de l’Avent. ».

 

Les biscuits de l’Avent

Dès le 1er week-end de l’Avent, on fait patienter les enfants (et les adultes) par des petits biscuits. Dans chaque coin, on a des spécialités différentes : les craquelins de Boulogne , les ronds de Saint Nicolas (Calais), les speculoos (Lille) en forme de Saint Nicolas, les sablés des Flandres ou du Nord (en forme d’éventail), …

Tous les week-ends, on en prépare. On y met bien-sûr de la canelle et on leur donne des formes ( étoile, mannequen, étoile, …) soit disant pour se protéger des maléfices.

 

La couronne de Noël

La couronne de Noël se place le 1er dimanche qui suit le 26 novembre.

C’est une couronne de branchages d’épineux (les épines repoussent les lutins farceurs). Le tout étaient nouées et suspendues par des rubans de couleur rouge qui rappelle le feu et le soleil.

La couronne est en forme de roue, car la roue est riche de symboles anciens: celui du cycle solaire, qui passe et repasse. C’est un signe de renouvellement, de nouveau départ. La roue est ainsi étroitement associée à la renaissance.

 

3e étape : le 4 décembre -> La sainte-barbe 

la décoration de la maison

Dans le Nord, comme partout, on fait : un sapin, une crèche, une couronne de Noël qu’on met sur la porte (déjà mise en place) , une couronne de l’Avent qu’on met sur la table et des guirlandes et des chandelles un peu partout et surtout dans les pièces de vie.

 

Le sapin (chapin-ne)

On décore un beau sapin et on y place une crèche à son pied.

La tradition du sapin nous vient sans doute des Alsaciens et celle de la crèche de la Révolution française où les crèches qui étaient interdites dans les églises, ont commencé à fleurir en miniature dans les maisons ; merci aussi à Saint François d’Assise son inventeur.

Pour la petite histoire, l’âne et le bœuf ont été ajoutés pour rappeler que l’âne et le bœuf savent qui sont leurs maîtres mais pas l’homme.

 

La couronne de l’Avent

La couronne symbolise la royauté et le martyre de Jésus.

Le cercle formé par la couronne symbolise l’éternité donnée à la vie par la résurrection du Christ, le vert des végétaux symbolisant la vie et les 4 cierges de lumière , les 4 saisons .

  • Première bougie, 1er dimanche de l’Avent : le pardon accordé à Adam et Eve. Ils mourront sur la Terre mais vivront en Dieu.

  • Deuxième bougie,  2e dimanche : la foi des patriarches. Ils croient au don de la Terre promise.

  • Troisième bougie (rose), 3e dimanche : la joie de David. ll célèbre l’Alliance et sa pérennité.

  • Quatrième bougie (violette) , 4e dimanche : l’enseignement des prophètes. Ils annoncent un règne de paix et de justice.

Le premier dimanche de l’Avent, pendant le déjeuner (dîner dans le nord), on allume la première bougie (le pardon) . Puis la deuxième au 2e dimanche (la foi) et ainsi de suite jusqu’au 4e.

Parfois, une cinquième bougie, blanche, est ajoutée au milieu de la couronne. Celle-ci est allumée le jour de Noël.

 

Le 4 décembre, fillettes et garçons observaient le coucher du soleil. Un ciel gris indiquait que saint Nicolas était en train de cuire de bons gâteaux. Il ne restait plus qu’à bien de comporter jusqu’au 6.

 

 

4e étape : le 6 décembre -> La saint-Nicolas

La procession

Le 5 décembre, les enfants d’un village se réunissaient. Comme Saint Nicolas est le patron des écoliers, ils choisissaient, parmi eux, un évêque.

Toute la journée du 6 décembre, l’élu était l’évêque des enfants. On lui donnait l’accoutrement d’un évêque. Le faux mais le bon saint Nicolas distribuait des noisettes, des pommes et des noix aux enfants sages. Parfois la ville lui offrait de quoi acheter des friandises qu’il distribuait ensuite à sa guise.

Aujourd’hui, c’est un adulte qui joue le rôle de saint Nicolas. Il distribue traditionnellement une orange et du pain d'épices portant son effigie mais aujourd’hui, il s’agit plus souvent de bonbons ou de chocolat à son image.

 

Dans certains coins, il est accompagné du Père loque (le père Fouettard).

Il était habillé d'un grand manteau noir avec un grand capuchon et de grosses bottes, portait parfois une trique et un sac ou un fagot. Il a le visage barbouillé de suie. Dans la légende de Saint Nicolas, c’est le boucher qui a découpé les enfants.

 

Il n'a pas le beau rôle, puisqu'il menace de distribuer des coups de trique aux enfants qui n'ont pas été sages ou de les emporter dans son sac.

Il donne parfois du charbon, des pommes de terre ou des oignons ou encore un morceau de bois de son fagot.

Cette mise en scène est certainement à l’initiative des enfants à partir de l’histoire de saint Nicolas qu’on leur avait contée.

 

La chaussette de Saint-Nicolas

Dans le cœur des enfants, Noël démarre le 6 décembre à la saint-Nicolas.

En effet, avant l’invention du Père Noël par le docteur Clément Clarke Moore au XIXe, les enfants croyaient en saint-Nicolas.

Aujourd’hui, saint Nicolas joue le rôle du Père-Noël  et lorsqu’il discute avec les enfants, il leur demande leur liste de cadeaux (bistoque : récompense).

 

Il faut donc appeler saint-Nicolas à travers l’âtre de la cheminée.

Saint Nicolas, mon bon patron,

Apporte-moi qué qu'chose de bon,

Plein mes bas, plein mes souliers 

...»

 

Dans certains coins, les garçons mettent leurs chaussettes ou chaussons près de la cheminée le soir du 5 décembre et les heureuses surprises se faisaient le 6.

Certains ajoutaient de la nourriture pour l'âne, car Saint Nicolas a besoin d’un âne pour transporter toutes les sucreries pour les enfants.

Ils y mettent aussi leur lettre avec un mot gentil et la liste de leurs cadeaux.

Ceux qui ont un peu de retard, enverront leur lettre directement au Père-Noël et par la poste.

 

Au matin, ils trouvent dans leur chaussons des friandises s’ils ont été sages ou dans le cas contraire, une pomme de terre ou une caillette de charbon.

-Dans l’Hainaut, on offre des brioches au sucre aux enfants, non pas en forme de crotte mais en forme de Saint Nicolas.

Selon le coin où on se trouve, elles sont garnies différemment.

-A Calais, on offre des ronds de Saint-Nicolas.

-Dans l’arrondissement de Dunkerque, les parents faisaient croire que l’âne était rentré dans la maison, qu’il avait mangé toute la nourriture qu’il lui était destiné et qu’il avait laissé à la place des craquendoules (des crottes en brioche).

 

En Flandre française, saint Nicolas défile dans les rues avec les Géants locaux. Ces défilés sont très courus dans la région.

 

Les filles ont fait la même chose à la Sainte-Catherine (25 novembre).

 

5e étape

La sainte Lucie

On raconte que Lucie aida les Chrétiens persécutés par les Romains à survivre en leur apportant de la nourriture dans leur cachette. Pour éclairer son chemin, elle portait sur sa tête une couronne de bougies.

 

La sainte Lucie est fêtée le 13 décembre entre les deuxième et troisième dimanches de l'Avent. Lucie vient de « lux », la lumière.

Dans le calendrier julien, le jour de la sainte Lucie correspondait au solstice d’hiver, d’où le fameux proverbe : « A la sainte Luce, le jour avance du saut d’une puce ». En effet, le solstice d’hiver est le premier jour à partir duquel le soleil se couche plus tard que la veille dans l’hémisphère nord.

 

 

 

Dictons chti :

-El jour augminte à l’sainte Luche d’un saut d’eun puche, à saint Thomas (21) un saut d’un cat et à nouviel an, d’un pas d’un ran (bélier).

-El jour augminte à l’sainte Luche d’un saut d’eun puche, à Noé d’un saut d’un é (abeille) et à nouviel an, d’un pas d’un ran (bélier).

 

La forme Luce est employée pour la rime avec puce.

En fait c’est à la St Armand (21 décembre : jour du solstice d’hiver) que le jour augmente vraiment. Avant la mise en place du calendrier Grégorien (1582), la sainte Lucie était le 23 décembre.

 

Les chandelles

En ce temps d’obscurité, on aime placer des petites chandelles sur les rebords des fenêtres.

On croyait que ce jour-là , à l’époque le 23 décembre, des êtres maléfiques pouvaient surgir n’importe quand dans le noir.

 

6e étape

Le 24 décembre

Les préparatifs (ches apprêtes)

Au cours du 24 décembre, les familles réunies préparent le festin du soir.

Il n’y a pas un repas traditionnel dans le nord mais des repas. En général, les parents qui recevaient leur famille achetaient et préparaient les meilleurs mets de la région. Il ne faut donc pas croire que les gens de la côte mangeaient forcément des fruits de mer et les gens des terres de la volaille.

Aussi, le menu de Noël varie selon les familles, leur niveau social et financier.

 

Repas du réveillon

« Le plateau de fruits de mer » est souvent le repas de ceux qui mangent au cours du réveillon car rappelons qu’on ne pouvait pas encore manger gras à cause du carême d’hiver.

 

La bûche pâtissière remplace la vraie bûche de bois (el choque ed Noë).

 

Le festin commençait vers 20h et se terminait pour minuit, afin de se rendre à la messe de minuit. Pendant le repas on chante des chansons de Noël.

La messe a lieu la nuit car l’ange du Seigneur a prévenu les bergers pendant leur sommeil donc la nuit.

 

A Boulogne-sur-Mer, se vit encore la tradition du Guénel Boulonnais.

Les petits boulonnais (margas) se baladent dans les rues avec des betteraves percées, sculptées et éclairées de l’intérieur par une bougie (les guénels).

Ils vont de maison en maison demander des bonbons en chantant un air traditionnel : « O Guenel !».

Ces guenels resteront sur les bords des fenêtres dans la nuit.

 

La messe de minuit

La messe de minuit démarre souvent par une veillée de Noël avec sa crèche, ses lumières et ses chants pour exprimer la joie du peuple chrétien. Les chants sont des chants traditionnels comme « Il est né le divin enfant  (anonyme)», « Minuit chrétien (Adam, directeur d’opéra-comique)» et « Les anges dans nos campagnes (Wilfrid Moreau)».

 

Avant de partir à la messe, les enfants suspendaient une chaussette sur la cheminée ou disposaient un sabot au pied du sapin.

 

Après la messe ou après une bonne nuit de sommeil, les enfants trouvaient dans leurs sabots ou souliers (la chaussette c’était pour Saint Nicolas) , une mandarine ou une « coquille ».

La coquille est une brioche figurative représentant un petit enfant. Coquille viendrait de la déformation du mot « coquin ».

On l’appelle aussi quénioles ou quignolle (contraction de coquille de Noël).

« A Noë, tiot Jésus su leu cavet (chevet) à leus infints passe eune queugnet. »

 

Au retour de la messe de minuit, on mange et on chante des chansons de Noël.

On mange du boudin blanc* , des craquelins (gâteau en forme de huit consommé dans le boulonnais) qu’on trempe dans du roustintin (lait+chocolat+Kirsch ), du pouding flambé (plum-pouding)

 

collation de minuit : chal boudiné

* A l’origine, après la messe de minuit, toute la famille se réchauffe autour d’un plat lentement mijoté dans l’âtre. Une bouillie composée de lait, de mie de pain, de graisse et de fécule. Parfois, la maîtresse de maison réussit à dénicher quelques morceaux de jambon ou de volaille.

Au XVIIe siècle, un cuisinier anonyme décide de sophistiquer la recette. Il apporte de la consistance à la préparation en ajoutant de la viande blanche. Afin d’obtenir un plat digne d’être présenté dans les salons des maisons aisées, il l’enserre dans un boyau de porc. Le boudin blanc est né.

 

Croyance

Avant d’aller se coucher, on essayait de faire brûler une grosse bûche toute la nuit dans l’âtre. Plus sa combustion était lente plus cela représentait un bon présage.

Souvent on l’aspergée d’eau bénite et c’étaient le plus jeune et le plus ancien de la famille qui la plaçaient dans l’âtre en disant :

« Que Diu nous fache l’grâche ed vife l’an qui avient.


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