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El Noë des gins ed ch’Nord

El Noë des gins ed ch’Nord

 

Su les passés (marches) ed l’églisse St Vaast ed Béthune est assis un pauver chabert (clochard). Tout ragrioté (recroquevillé) dans ses loques, i se edmande, lorsqu’i ara sin assez d’doupes, s’i acatra quécose qui récauffe el cuer (coeur) ou quécose qui récauffe el corps. Des gins à l’presse (pressés) passent non lon ed li mais parson.ne n’simpe l’ ermarquer, si ch’n’est ch’ptit groupe d’éfants qui l’chalue in intrant dans l’églisse.

« Bonjour monsieur » disent-ils. Is n’ont pas osu li souhaiter un joïeux Noë comprenant bin qu’Noë n’sra pas joïeux pour tertous.

Un molé pus tard, el holaqueux (pauvre malheureux) i intend canter un cant ed noë. Mais ch’est les éfants de talheure, i s’dit ! Queu ch’est biau ! Me vochi hureüx. Volà un cant qui m’récauffe el corps pis el cuèr (coeur) . Alors il s’lèfe , se tourne vers l’églisse et simble el découvrir li qui passe ses journèes sur ses marches.

Eune veufe randoule par là et véyant el chabert s’émarvélier (émerveiller) , li dit :

« Dites-moi mon brave que vous arrive-t-il ?

-N’intindez-vous pas mdame ches éfants qui cantent Noë ?

-Oui, dit-elle, que c’est beau ! »

Une fèmme boteusse toute affligèe, s’arrêta d’un cop véyant el fèmme et l’brimbeux (mendant) artounés vers l’églisse.

« Qu’avez-vous donc ? Que regardez-vous ?

-Nos arguetons challe bielle églisse mais seurtoute nos acoutons. N’intindez-vous pont mdame ches éfants canter, arprind el chabert ?

Un horzain in pouménant là et véyant ch’groupe ed tros parsonnes s’émarvélier, leu dit aveuc sin acchint étrangé:

« Que se passe-t-il ici ? Qu’avez-vous donc ?

-N’entends-tu donc ces chants de noël ?

-Oui, c’est merveilleux.

Ce chant me fait oublier que je suis étranger ici.

Et moi que je suis seule, répondit la veuve.

Et moi que je suis malade, répondit la souffrante.

Et mi qui chus pauver, arpondit el miséreux.

Toute l’armontèe (après-midi), gramint parson.nes is s’sont arrêtèes su che parvis : toutes les classes sociales queulles soent populaires ou bourgeoisse, tous les âches aussi mais aussi toutes les joyes (joies) et les peines insannes.

« Cette musique ne vous donne-t-elle pas envie de nous aimer, questionna un monsieur avec une forte voix ? »

Oui, maugré el faym (faim), arpondit le chabert ;

Oui, malgré la maladie, répondit la souffrante ;

Oui, malgré la solitude, répondit la veuve ;

Oui, malgré le racisme répondit l’étranger ;

Oui malgré la maladie, l’injustice, le froid, le chômage, ...

Biaucop avot déblouqué leu cuèr (exprimer leur peine).

Comment ? Qui est seul, reprit l’hôtelier ?

Comment qui a faim, reprit le restaurateur,

Comment qui est soufrant, reprit un médecin

Comment qui n’a pas de travail, reprit un chef d’entreprise ?

Ches appels avotent été intindus par un groupe ed gins de pus en pus nombreux.

Parson.ne semblot vouloèr s’daller (quitter) sans faire quécosse.

Moi j’ai quelque chose à offrir dit un restaurateur : des plats chauds pour ceux qui ont faim.

Et mi j’ay el dessert, arpliqua el boulaingère : des coquiles ed Noë.

Et moi, j’ai de bons lits pour ceux qui n’ont pas d’endroit où dormir, dit l’hôtelier.

Et moi, je donne des cours de français pour l’étranger.

Et moi, dit le monsieur à la forte voix, j’ai une grande pièce chez moi pour fêter noël tous ensemble. Retrouvons-nous tous chez moi ce soir après la messe de minuit. Que chacun vienne avec ce qu’il peut offrir.

Ch’est ainsin qu’in fêta chelle an.née-là un Noë comme jamais in in avot fêté auparavant.

 

Joïeux Noë à tertous !

 

 

 

 


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