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13. Frayeur à Berlancourt-Le Cauroy

 

26/12/2019

 

Cette histoire se passe un soir du 31 octobre dans les années 80. Un soir bien triste et bien sombre comme il y en a beaucoup en cette période de l’année. Nous étions donc la veille de la Toussaint, tous réunis dans la cuisine où se trouvait le seul poêle à bois allumé dans l’aile droite du château.

Le curé était avec nous, il revenait de l’église où il s’était assuré que tout était près pour la messe du lendemain. Autour d’un café bistouille , les adultes discutaient tandis que nous, les enfants, nous jouions aux cartes tout en les écoutant converser ce qui n’était pas facile car ils parlaient en patois et que nous ne connaissions que quelques mots. Soudain, le curé s’adressant à nous, nous demanda si nous pouvions aller récupérer sa bible qu’il avait oublié dans la sacristie. Sans hésiter nous avons acceptés car nous étions 3 garçons plein de courage et que nous voulions nous échapper de cette triste pièce. Nous avions demandé la lampe de poche mais papy ne la trouvait pas. Ce n’est rien, nous avons mis nos manteaux et nous sommes sortis rapidement. Nous nous étions pas rendu compte qu’il faisait à ce point noir mais heureusement pour nous, la lune était là pour guider nos pas. Sur le chemin entre le château et l’église pourtant à 50 mètres, nous n’étions pas si fiers de nous promener ainsi dans la nuit noire. Le bruit du vent qui souffle dans les branches, le chant des corbeaux et le craquement des branches et feuilles sous nos pas avait fait naître en nous une peur grandissante. L’église était ouverte comme très souvent, d’ailleurs nous y allions parfois jouer dedans. Mais à l’intérieur il faisait vraiment noir. Nous avancions à petits pas nous donnant la main en direction de la sacristie. Soudain une porte claqua, sans doute celle de la sacristie par l’effet d’un courant d’air. Ce bruit nous fit sursauter et d’un commun accord nous quittâmes l’église en courant. Arrivés devant la porte de la cuisine, notre grand frère Nicolas nous arrêta et nous dit : « On ne peut pas rentrer sans la bible ; ils vont nous traiter de froussards. » Soudain, nous avons entendu les bruits de chaises. « Le curé part ! reprit Nicolas et il alla écouter à la porte. Quelques instants après il nous dit :

« Ah, vous savez ce que j’ai entendu ? Ils voulaient nous faire peur en nous envoyant chercher la bible dans le noir. Ils sont morts de rire. Vite j’ai une idée, retournons à l’église et je vous expliquerai mon plan. » Notre peur s’était soudain volatilisée. En chemin notre grand frère nous expliqua son plan. « Nous ouvrirons la porte en grand, nous nous mettrons par terre comme mort avec quelques chaises renversées autour de nous » Et c’est ce que nous avons fait. Lorsque le curé et notre papy sont arrivés, avec la porte grande ouverte, ils ont vu nos corps étendus sur le sol éclairés par la lune et se sont précipités vers nous. Le curé se penchant vers moi me dit :

« Et petit, ça va  ?

Alors, j’ai fait le mourant en criant « Ah ».

Le curé fit un pas en arrière et tout le monde s’est mis à rire.

Gabriez Caux

 


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