Banque chtimi : une banque de mots chtis

Episode 17

Episode 17   : Wimereux

 

 

Le camion s’est arrêté à Wimereux, une charmante petite station balnéaire de la côte d’Opale avec son architecture très stylée du début du siècle. Lorsque les hommes commencèrent à débarquer leur marchandise, Ernestine en fit autant avec sa Nina sur son dos. Non loin de là, il y avait un petit salon de thé. Ernestine se dit que l’endroit était idéal pour réchauffer son amie. Elles s’installèrent donc à une table et commandèrent un chocolat chaud chacune. A côté d’elles se trouvait un Anglais qui leur dit :

« Ca ne sent pas le maquereau, n’est-il pas ? » et Ernestine répondit :

«  Ca sent aussi le roastbeef, est-il certainement ? » L’Anglais vexé quitta le lieu lançant simplement « choquing ». Puis Nina commença à reprendre des couleurs et à parler.

Puis pour se dégourdir les pattes, nos souris décidèrent de marcher sur la plage en espérant trouver un indice sur Gabou. En cette période de la saison, il fait, certes froid, mais beau. Un soleil blanc vient illuminer le paysage pour lui donner de belles couleurs et donner à la mer un teint sublime. De plus, rien de tel qu’un bon bol d’air marin, vif et iodé pour entreprendre cette longue marche. Il n’y a pas grand monde sur la plage surtout des oiseaux des Blanc mantiaw* qui vivent en groupe. Ernestine court vers eux en criant de grands ‘OUH’ mais ces derniers ne s’envolent pas. C’est curieux ça ne marche pas, en Bretagne je le faisais avec des nonettes* et ça marchait. Un goéland s’approcha et les interpella :

- Alors madame, on essaie de nous faire peur ?

- C’était pour rire voyez-vous ; un petit peu d’humour ne peut pas faire de mal. 

Alors Nina intervint :

- In cache des indices, os n’avez rin veu des fos?

- Si !

El le goéland se tut. Alors les souris se regardèrent et se murmurèrent à l’oreille : « Je crois qu’il veut qu’on lui donne quelque chose. » Alors Nina lui donna ses corn flakes et le goéland lâcha deux mots. Puis les mueslis y passèrent et le goéland lâcha trois mots et enfin le pain aux céréales et le goéland lâcha trois mots. Bref, Nina n’en savait pas plus. Ce petit manège attira tous les goélands de la plage qui crièrent : « Moi, je sais, moi je sais ! ». Ernestine  entraîna Nina par l’épaule et lui dit : « Is n’savent rin. Aviens, Nina, in va marcher près del l’ieu. » Nina un peu déçue suivie son ami qui commença à jouer avec les vagues poussant parfois des cris de frayeur. Elle avait trouvé le moyen de changer les idées de Nina qui entreprit d’imiter sa copine.

Voilà donc nos souris en train de braver la terrible mer du Nord. Mêlés au bruit des vagues, du vent et des goélands ignorants, on entend de grands cris et des exclamations : « Ha, ha, attention ! Sauve qui peut ! » du côté de Nina et « Vindedious, J’l’avos pos vu chelle lal, …. » du côté d’Ernestine à chaque avancée surprise de la belle opale.

Ernestine qui connaît bien la mer, ne s’est pas encore fait prendre aux aller venus de dame opaline mais Nina, qui est plutôt distraite, a déjà les pattes et la queue trempées. Alors que Nina et Ernestine rigolent à gorge déployée, une vague d’une force redoutable les arracha au sable et les emporta dans les rouleaux. Les deux souris s’affolèrent pour de vrai et crièrent cette fois-ci leurs prénoms entrecoupés de « Aux secours ! ». Ernestine sait nager la nage zodiac : elle fait tourbillonner sa queue, qui telle l’hélice d’un petit bateau à moteur, qui la fait avancer. De cette manière, elle parvint à agripper Nina qui, au regard de sa triste mine, semble déjà avoir bu quelques tasses. Mais le courant est bien trop fort pour l’hélice d’Ernestine qui ne parvient pas, malgré l’énergie déployée, à les ramener sur le sable. Nos souris sont très vite à bout de souffle : les rouleaux les assomment et elles n’ont plus la force de crier à l’aide. Alors, après quelques grandes tentatives, qui n’auront permis que gagner quelques centimètres, elles se regardent tristement, d’un regard impuissant qui signifie que la fin a peut-être sonné pour elles. Quand soudain, au moment où elles étaient sur le point de couler, d’un geste assuré, un phoque les attrapa et les plaça en sécurité sur son dos. Celui-ci leur dit :

« Bloug, bloug, bloug, chalut mes debloiselles, bloug, bloug, bloug, vous n’ablez pas blu que c’est drableau rouge aujourd’hui ? Heureuseblent que je vous ai entendu blire, moins aussi j’adore blire comme vousautes, bloug, bloug, bloug ! »

Et tous se mirent à rire et à s’embrasser. Il s’en est fallu de peu pour nos souris, qui, enfin pouvaient se reposer et sécher sur le dos de leur sauveur. Celui-ci, en bon prince, se proposa de les emmena jusqu’à Ambleteuse. Vu de la mer, la côte d’Opale incarne vraiment la douceur de vivre. Les deux rescapées arrivèrent à Ambleteuse en moins de temps qu’elles ne l’auraient imaginé. Après avoir remercié chaleureusement ce phoque, elles se dirigèrent vers la digue. Pour éviter les regards indiscrets, elles longèrent le petit fort Vauban avant de passer le long de la chapelle Saint Pierre et de s’éclipser dans les dunes derrière la rivière de la Slack. Au passage, nos souris affirmèrent que, elles aussi, ont réussi à marquer la pierre du jardin de Saint Pierre tout comme le cheval de Napoléon 1er.

 

Aide pour la compréhension :

blanc mantiaw : goéland                                                nonettes : petite mésange blanche et noire


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