L'habillure
Mise à jour le : 03/11/2024
Habillures
coiffe |
bonnet de nuit : colinette casque du mineur: barrette couvre-chef : noir-bonnet haut-de-forme : capiau-busse voile : affulette afulette : voile noir de deuil |
Haut du corps |
blouse : sarrau châle : catlaine chemise : quémisse col de chemise : gorgère quémisse à pans volants : quand la chemise sort du pantalon corsage : caraco costume : costeume gilet : eun baïette gilet de laine : espincère - - (à l’origine : veste spencer) imperméable : gabardine manteau : eun casaque- - un casaquin :petite casaque pelisse (manteau fourré) : plichon redingote : riguinguette robe de nuit : couchète tablier : écourchué veste : paltot |
sous-vêtements |
caleçon : caneçon culotte : tchulotte soutien-gorge : tétecarriole – (carriole à tétons) |
Bas du corps |
bas : cauche jarretière : un gartier jupe : cottron jupon : cottelle pantalon : patalon/ des maronnes |
pied |
chaussette : cauchette guêtre : gambière |
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divers |
déguisement de carnaval : sac-à-loque guenille : houpille hayons : démisses poche : tasse - - vient d’entasser vêtement de travail du mineur : bourgéron beaux habits : des belté-loques vieux habits (oripeaux): oripiaux habits usées : démétures petits morceaux de tissus ou de fil provenant d'habits usés : flépes |
affutiaux (ornement/accessoires)
braguette : braïette
bretelle : bertelle , bertielle
ceinture : cheinteure / changue
ceinture de culotte : anissure
cordon de tablier : gorion
éventail : évintal
écharpe : cache-col
lunettes : leunettes / quatre yux.
mouchoir : mouquoi
mouchoir de cou : estinquète
mitaine : mitainne
perruque : parruque
pompon : houpiau
ruban de cheveux : firlipipi
sac : sa / satiau
cauchures
une paire de chaussures : eune pare ed cauchures
baskette : bastchette
boucle : blouque
brodequin (bottine en cuir) :brosquin
lacet : liache / acorion
chausson : chavatte (savatte)
chaussures : sorlers du dimainche
escarpin : esquerpin
soulier : souli
souliers usés et percés au bout : des guifes ed raie
tacon : pièce de talon
Habillage/déshabillage
accoutrer : abistoquer (empaqueter) - -bistoque : paquet
accroc : déchirure
arranger mal : agimoler
débraillé : ébraillé - - (vient d’ébreuillé)
décolleté : dégavarlé
dévêtir (se) : se défubler / débiller - (syncope du mot déshabiller)
étriqué : rétriqué
déguenillé : déloquté
froissé : frochi
habiller / déshabiller : gréyer /dégréyer (boul.)
habiller/ déshabiller : harniquer / désharniquer
habiller (mal) : loquer / infardéler
habiller (trop) : incamuchoté
habiller de manière ridicule: attifer
parer (se) avec raffinement : adoniser - -(comme Adonis)
poudrer (se) : pourer (se)
bijouterie
breloque (bijou fantaisiste sans grande valeur) : berloque
parures/bijoux : dorlos - - (« lot d’or » en verlan)
bijou agrafé sur un vêtement : affiquet
boucles d’oreilles :pinderlots/ pindeloque - - pindeloquer : suspendre
collier : coïer
croix en or et ornée : eun brillante
trop de bijoux : tarabiscoté
La toilette
brosse à déméler : détouilleu
boutonner/déboutonner : blouquer/déblouquer
coiffer (se)/ se couvrir la tête : se rafuler - - afulure : coiffure
défuler : décoiffer / défuler sin capiau : saluer avec son chapeau
élégant/pimpant : fisque - - (vieilli)
peigne : peinne
peigner (se) : se rachmer
rachmer à l’hututu : mal coiffé
toiletté avec soin : faraudé - - faraud=coquet
lingette hygiénique : loque-à-cul
savon mou : sav’lon / zièpe
seau d’aisance : tinette
rasoir : rasoi
Aller se laver. : Aller s’touquer / faire touquette.
Expressions
Al Pint’coute, mets tes habits d’hiver tout oute.
El famile / el clique
Mise à jour : 21/02/2024
El parinté
mère : mamère
petite mère : mèrotte
père : monpère
fils : fiu - - biau-fiu : beau-fils
filleul/filleule : filieu / filieure
oncle : onque
tante : tante
cousin issu de germain : cousin remué de germain
cousine : cousinne
faux cousin : cousin d’ blanc bos
marraine : marranne
neveu : névu
nièce : nièche
bisaïeul : taïon - - ancêtre : rataïon
gendre : biau-garchon
belle-sœur : sérouque (rouchi)
belle-famille : biaux-gins
bébé : quinquin - - (riquiqui)
cadet : culot (dernier éclos) / margotine boul.
Enfant venu sur le tard : raprèscoup
gosse : nénin
enfant : éfant / loutte
petit/petite : tiot /tiote
nourrisson : norchon - - norrir : nourrir
sœur : suèr [S.U.ER]
les siens : ses gins
Les bébés
accoucher : déguerner
amuser un enfant : erluser
emmailloter : amicloter
culotter un enfantin : immaronner - - maronne : culotte
couche : pichou
nourrice : norriche - - norrir : nourrir
mignoter (traiter gentiment) : migoter
objet dans lequel le bébé mord : agnon
tétine : tute / loquetête
tissu pour emmailloter : lindron
Faire bébelle : caresser le visage d'un enfant en lui disant « fais belle » ou « fais bébelle » pour le faire sourire.
Aller à l'écour.
-> Lorsqu'un enfant vient se blottir dans le tablier de sa mère.
Rassaquer mes deux séaux.
-> Prendre 2 enfants par la main.
Efant bin rétu et bin v’nant.
-> Se dit pour un enfant en bonne santé.
Bin sougloutant, bin vnant.
-> Se dit pour un enfant qui a le hocquet.
T’es bin comme tin père , te déraces pont.
--> Tu es bien comme ton père.
Li i race ed mi !
-> Il tient de moi.
Les activités
Plein air |
aller à l’cache : aller à la chasse - fusique : fusil aller à l’pêque : aller à la pêche aller à l’ducasse, à l’kermesse |
passion |
faire d’el zique : faire de la musique faire du biclo : faire du vélo |
jeux |
faire série : faire une soirée juer aux cartes : jouer aux cartes (manille, rami, piquet, l’écarté) juer aux bourles : joueur aux boules bourloire : jeu - - bourleux : joueur |
sortie |
aller à bastringue : aller au bal de guinguette s’épagnoter : prendre du bon temps |
fête |
faire des bamboches : faire un bon repas (bombance) faire el guinse : faire la fête en se saoulant godailler : faire la fête faire l’raccroc : faire la fête le lendemain d’un mariage canter la pironnelle : pousser la chansonnette |
Ne rien faire |
harlander à s’mason |
Les corrections
claque : margnoufe
correction : rouste
coup : borgnon
coup sur la tête : calotte - -calotter : donner des coups
gifler avec le plat de la main: plamuser - - plamuse
gifle sur le nez : mornifle
rabrouer (traiter avec rudesse) : raclaquer
raclée : chonglée / ingélée
rossée : rigodaine
soufflet : bornife
tape : tatoule - - tatouler : taper
A la schlag : Travailler en recevant des coups
Avoir du pâté d’groule : Etre grondé.
eun madame dubois : verge pour corriger les enfants
eun ginoflée à chinq feules : une claque
Sintir el viux battu : Sentir la correction venir
Cul égali s’fiche bin d’eun clique.
-> Autrefois, on pensait qu’à force de recevoir des coups, on les supportait plus facilement.
Mette eune douille
-> Donner une raclée.
I va archévoir l’allante et l’arvénante.
->Il va recevoir une paire de gifle.
J’vas li juer d’el clarinette à deux bout.
-> Je vais lui donner une correction.
Expressions
Du sang ch’n’est pas d’el iau.
-> Les liens du sans sont importants.
Chés quiens font pas des cats.
-> On garde les caractéristiques de sa famille.
El houbron passe ches perches.
-> Se dit quand les enfants dépassent les parents
Un ch’est l’lot, deux ch’est trop .
-> Un enfant ch’est bien mais deux c’est trop.
Ch’est un sale osiau qui salit sin nid.
-> Se dit pour quelqu’un qui dit du mal de sa famille.
I a copé chés aveines avint chés blés.
-> Il a marié la cadette avant l’ainée.
L'erligion
Mise à jour : 19/04/2024
Le 3 mars 1956, lorsque la vierge Marie apparait à Jeanne-Louise Ramonet à Kérinizen (Bretagne) elle dit qu’elle a le coeur gros de voir les Bretons perdrent leur foi et leur langue.
El Nouter père
Note Père qui est às ciux Qué tin nom suche saintifié Qué tin rinne i vinche Qué teut volonté seuche faite Su l’tierre comme au cié Donne-nous in hui, note pain dech jou Perdonne-nous nous mafaits Comme nos perdonnons étout A cheusses qui nos ont méfait Mais défreume-nous dech ma. |
Avé Maria
Ej vos salue, Marie Ches grâces du Seigneur sont su vous. Os êtes bénie inter toutes els fémes *Et Jésus, qu’os avez mis au monne, est béni. Sainte Marie, Mère ed Diu, Priez pou nous pauvers pécheurs, Achteur et à l’heure ed Diu. Amen |
* « Et Jésus le fruit de vos entrailles » n’était pas beau pour les paysans.
Prière en cas d’insomnie Min Diu I s’fait tard, Tout s’indort sur l’tierre. Mets teut main sur min front, et arrête min busiache. Mets tes mains sur mes yux et freume-les tout douchmint As cosses d’ichi. Doux sra min rpos s’i est béni ed ti. Amen |
Dans le nord, nous aimons prier notre Dame de Boulogne ; l’histoire est très belle. Je vous invite à la découvrir à l’adresse : https://www.laneuvaine.fr/notre-dame-de-boulogne-priez-pour-nous/ “Chez nous, soyez Reine |
Bénédicité
1) Seigneur, Ti qui donnes pâture A tous els tits ojiaux Bénis nou miache Et purifie note iau. Amen. |
2) Le pain d'hier est séqui Le pain d’dmain n'est pas tchuit Merchi Seigneur pou el pain d'inhui A tertous bon appétit. |
Prières à faire devant un calvaire ou une croix
1) Crox derchée sur l’monne Crox d’Jésus Christ Ti qui donnes el vie Et l’arprinds à grind prix Mile su mi inhui. |
2) Crox d’foulie Crox d’Jésus Christ Ti qui fait fleurir l’vie Et la fâner aussi Garde-me inhui. |
Un peu de vocabulaire
personnel |
autrui : autérui chrétien : quertien - - chrétienté :quertienneté clergé : clergie curé : parson diable : diale / diaule dévot : paterliqueu enfant de cœur : clerchon mère supérieure : mère abesse personnel laïc : rat d’églisse protestant : hurlu religieux : erligieux seigneur : seignèr - (boul.) sœur : ancelle |
Bâtiments lieux |
abbaye : abbie calvaire : bornaprier - (borne-à-prier) enfer : paradis des noirté-glaines paradis : paradousse |
Dans une église |
autel : auté burette : potquin boite à chandelles (ravetin) : ravtin chaire : caïelle-prêchoire chapelet : caplet cierge (petit) : chiron encens : incinse - - encensoir : incinsoi ornement : affiquets ostie : ostille pupître : pilpite (vieilli) lutrin : étapliau sonette : berlinguette |
prière |
prière : prièle (vieilli) Notre dame /père : Nouter dame /père Je crois en Dieu : crandieu l’père |
aumône/charité: caristade
bannière : confanon
communier : acommunier
confession des péchés : peccavi
mouchure de chandelle : mouquion d’candelle
messe de mariage : messe de beye-amont – (parce que les gens y vont par curiosité plutôt que par dévotion)
ornement de tète qu'on met aux nouveaux nés, pour les conduire aux fonts baptismaux : achemète
petite croix : crojette
petits objets de dévotion : béatilles
pourcacher : quêter - - quête : pourcache /pourcas - - quêteur : pourcacheu
repas de baptême : bardalée
sermon : préchmint
spirituel : espérituel
vêpres : viêpes
Fêtes religieuses
fêtes religieuses : fiêtes d’ataux (Pâques, Pentecôte, Toussaint et Noël)
un jour de fête : un jour d’atal : ata
dimanche des rameaux : blanque-pâque
A la Chandeleur : A candilier
jours de carême : carêmiaux
Les jours gras : dimanche gras (7e dimanche de Pâques) , lundi gras, mardi gras
Carême-pernant (prenant) : 1er jour de carême
jeudi saint : jeudi absolu / blanc-jeudi
quatre-temps : Période de trois jours (mercredi, vendredi et samedi) consacrée par l'Église romaine au jeûne et à la prière pour marquer le début de chaque saison.
Chés cloques
action de sonner les cloches : sonnure
agitation des cloches : trinqueballmint d’cloques
frapper les cloches : batler - - batleux : sonneur
Ej batèle ches cloques.
Autres :
pain-perbole : petits pains d’épices fabriqués pour la première
communion et distribués aux communiants
Après un baptême, les enfants demandent au parrain et à la marraine des dragées par la formulette : « Pos d’chuque parrain, pos d’chuque marraine ».
Qu’est-ce que le « pain à chanter » ?
-> l’ostie
Qu’est-ce que les « quatre temps » ?
Les quatre périodes de trois jours de jeûne et d'abstinence au début de chaque saison.
Comment s’appelle le lundi après l’épiphanie ?
Les rois brousés
Petites expressions
S’in aller à l’accord
->aller à l’église à l’appel des cloches
(car le son des cloches forme un accord parfait)
Ete messé
->avoir entendu la messe
Paterliquer
-> dire ses patenôtres
El bon Diu t’l’rindra et si ch’est point li , che sra sin fiu.
Quint in a canté Alléluia, in peut manger chou qu’in a.
->Se dit à la fin du carême.
Interdit de dire « Alléluia » pendant le Carême.
A l’lundi d’Pintecoute, après café in bot l’goutte.
> Se dit au lundi de pentecôte nous se réjouir.
Chacun s’paquet dit l’bocheu (bossu).
-> Chacun sera jugé selon ses fautes.
Qué l’bon Diu vous patafiole !
-> Que Dieu vous bénisse.
Qué le diable t’estringole.
Que le diable t'emporte
Avoir l'âme pu noérte qu’chés housseux d'queminée.
In n’peut pas aller à chiel sans équelle.
Prier obin donner du sien, cha fait deux.
->Il est plus facile d'inciter à la charité plutôt qu'être soit même généreux.
I/Alle a cassé l’tiête à Carême.
-> Il/Elle a mangé gras pendant le Carême.
Croyances
-A Dompierre-sur-Helpe, on passe une baguette de noisetier sur le gisant du saint.
- « Faire pipi sur eune pierre bleue »
C’est ce qu’on faisait quand on avait eu très peur.
Le savez-vous ?
Les reliques antiques de Notre Dame de Boulogne ont fait le tour de la France de 1943-1948 soit 2 500km sur 293 étapes.
Marie la chorcelle
Marie la chorcelle
Marie resteut (habitait) el villache de Templeuve dins eune tiote masure tout lez (près) dal forêt. Ch’éteut eune file timite. I faut dire qu’alle n’aveut ni sœur ni frère aveuc qui babeler (bavarder) ou juer ni d’ copin-nes (copines) aussi.
S’mère alle s’occupeut pas trop d’alle à cause d’sin traval de buresse et pis comme alle n’resteut pas l’villache et qu’alle n’alleut pas à l’églisse, alle éteut fin (fort) renictée (critiquée).
In n’saveut pos qui qu’ch’éteut sin père. Les gins du villache, qui ont quer ed caloder, diseutent que ch’éteut un chorceron (sorcier) mais ch’éteut tout bonnemint un boquillon (bûcheron) ed passache qui s’a dallé aussi fel (vite) qu’i a venu.
Comme in s’timps-là, y n’aveut pas d’écoïe (école), alle a grindi à l’écart du villache et comme alle canleut (conversait) aveuc peu gins, alle aveut développé eune seurte ed parlage prope à elle.
Marie aveut quer la nature. A l’bielle saison, in la voyeut cueurir après ches pavioles (papillons) et ches malots. A l’morte saison, alle fabriqueut de drôles ed bidules aveuc tros quate bougeons (bout de bois) et un peu d’mousse. Les gins trouveutent cha drôle (bizarre).
Tiote Marie n’étot pas un glout-morciau (beauté) : alle aveut un nez à arpiquer des porions, alle éteut sé comme une patte eud bidet pis en pusse, ch’éteut eune branque ed'thym (une rousse).
In grandissant cha s’est pos arringé et pis alle n’aveut pas trop quer des batées, alle éteut un brin broustia (négligé) pis mal loquée.
Un jour, à cause d’sin dur ouvrache, s’mère alle s’a dallé in voé (s’en être allé) et l’paufe Marie s’a artrouvé tout seule. En fait pos vraimint, alle aveut adopté un tchiot cat noir comme du carbon et ch’éteut sin seul ami.
Elle vouleut arprin-ne el traval d’eus mère mais peursonne li faiseut fiate (confiance).
Quind alle traverseut el village, les gins s’gobeutent (moquaient) d’alle alors, alle grouleut (grommelait) des mots que peursonne ne compreneut.
Marie finit par s’arcroqueviller dins s’masure. Alle alleut dins l’forêt à cache (recherche) de plintes commestipes ou de fruits des bos. Dès fos, des éfints curieux s’approcheutent de s’masure et alle éteut gintile aveuc. Alle leur donneut chou qu’alle aveut : des pomelots (pommes sauvages). Les éfints, quand ils arveneutent chez euses, is raconteut toute mais leus parints leur diseutent de pas minger chou qu’alle donneut car ch’éteut du poison.
Un jou, après un rute arnu, el motié deuch tot i s’a involé. Pour Marie se fut terripe. Qué malheu ! Alle n’aveut pas doupes (argent) pour artaper s’toture.
Chanche pour alle, un gars du village vint la vir pou li demander pou ête accouchèse (sage-femme). Peursonne vouleut faire eus traval-là, mais comme Marie aveut bezon d’argent et qu’alle aimeut la vie, alle dit oui.
L’accouchemint s’passa ma pou el paufe Marie. Pourtant elle aveut fait tout sin possipe mais rin à faire, ch’nénin i est mort al naissance.
Les gins disot qu’ch’étot de s’faute pésque (parce que) ch’étot eune chorchelle.
In fit donc sin plaid (procès).
In a dit qu’alle éteut diabolique car elle n’alleut pas à l’messe (ch’étot pas sin truc mais qui dit qu’alle n’y croïot pos).
In a dit qu’alle parlot un parlache satanique (ch’étot sin parlache)
In a dit qu’alle parlot aux bestiaux (alle avot quer chal nature)
In a dit qu’alle faisot des trucs drôles comme bricoler des bastringues aveuc du bos (alle étot créatife)
In a dit qu’alle parleut à satan sous l’forme d’un cat (ch’étot sin tchiot cahou (minou))
In a dit qu’alle donnot du poison aux éfants (ch’étot des peimes un peu sure (acide))
In a dit qu’alle étot laizoue (laide) (ch’étot pas d’s’faute)
In a dit qu’alle étot crapée (ch’est vrai qu’alle étot un peu droulion (souillon) mais ch’étot pas eune princesse non plus)
Marie a donc été condamnée pour chorchèlerie. Pourtant, alle deveut ête ninoche (inocente) ou, coupape d’ête différente des autes.
Gabriez Caux
Il éteut une fos à Berlencourt el Cauroy
Imaginez Berlincourt-el Cauroy in 1900 : y a l’câtiau et pis queques cinces su l’route principale et atour dal bielle forêt d’Berlincourt.
Dins chaque camp, in peut vir des vaques et dins chaque cour ed cince, un tas fien.
In intind l’vie tout autour ed ti : les beuglemints d’vaques, el cant des cos et des osiaux. Les gins, des brafes cinciers, vous ravisent d’un eul et quind is sorient, in vot bin qui minque des dints.
Dins c’village, y a un garçon qui s’lomne Gabriel dit ch’Gab et qui va à l’écoïe (école) à pied. Il dot aller deuch Cauroy à Berlincourt par el plus court quemin ch’est à dire par l’forêt. Alle est privée mais Mr Devoisier, el comte dira rin. Chal forêt fait peur et ch’Gab cache (cherche) toudis après un copain pour faire route aveuc li. Alors, il prind sin sifflot fabriqué par li-même et siffle à s’mote. Il espère que quéqu’un li répondra. Ch’est Emile dit Ch’Mile el preume (premier). Les deux compagnons s’arroufent. Paul est bénache car ch’Mile vint de li apprin-ne eune bonne novielle : C’seoir, ch’Gab sera présinté à l’confrérie des Courageux.
Habile ! Chal cloque, alle sonne, il faut se dépêquer car l’maîte, i est très sévère et n’a pas quer des artardataires.
El seoir, ch’Mile artroufe ch’Gab et sa troupe derrière l’églisse sur al grinde allée du câtiau. La confrérie des courageux de Berlincourt s’est réunie en c’jour du 17 brumaire, in commission extraordinaire pou parleminter d’eune intronisation probape d’un nouviau mimbe se prélommant ‘ch’Gab’ dit ‘Tite leunette’. C’dernier n’sera déclaré mimbe à part intière qu’après aveoir réussi 4 épreufes.
1. Ramasser 50 guernoules en moins d’une heure.
2. Faire eune caresse à « Vilain » el quien des Merler*.
3. Aller coper un caon (poil) ed guernon (moustache) au père Delambre* pindant sin chouquet (sieste).
4. Aller garoter (voler) un baiser su l’bouque à la belle Ansquin* : Sabine.
Pou el preime épreufe, ce fut une partie rigolate pour ch’Gab car il n’aveut pas peur de ches tites biêtes là. Il connaisseut un coin eul long dal Canche d’où qu’i n’aveut al ploute (à foison). Aveuc un sac in plastique, il ramassa les 50 guernoules in moins d’eune heure.
Pour la deuxième épreufe, ce fut moins facile. Tite leunette a quer des tites biêtes mais pos des greusses. Pis el quien des Merler, c’est pos el toutou à mamère mais un vrai quien d’warde (garde).
I est ahoqué (accroché) à un pieu, aboie très fort et fait des bonds ed 3 mètes quind in l’approche.
Alors Ch’Gab prit sin courache à deux mains et alla direct in direction ed « Vilain », la boule au vinte et aveuc eune pognée ed croquettes dins eune main. « Vilain » vit l’intrus arriver et comminça à argibonder (chahuter). Ch’Gab s’approcha douchemint, jechta ses croquettes à ses pieds mais visiblement cha l’intéresseut pas trop Vilain. Impossible ed l’catouïer (caresser), i n’faisot que d’brayer. « Gintil, qui diseut ch’Gab, gintil toutou, t’as quer les croquettes hein ? » Mais cha marcheut pos. Heureusemint qu’l’cincier i a venu et a fait taire sin quien. Quelle chance pour tite leunette, i a pu faire une catoule à Vilain et réussir l’deuxième épreufe.
Cha s’complique pour Tite lunette. Ch’est que el père Delambre, i a eune réputation ed dur à cuire. Il a une greusse veux (voix) qu’in intend esqu’à Avesnes-el Comte. El père Delambre, i faiseut toudis s’niquet (sieste) dins s’gardin après un bon repas souvint ch’li du diminche. Alors Ch’Gab s’dirigea vers el gardin du père Delambre aveuc eune paire d’ciseaux. Vinguette, el quien a sonné l’alerte ; faut faire vite ! Tite leunette, i est motivé et pis i est habitué des criniu (gronion), sin père cha n’est un rute aussi. I prit ses ciseaux et coupa un gros bout ed moustache et cha a fait CROUIC. Il s’a désaqué (se tirer de là) tout bénache d’aveoir réussi sin cop.
Pou l’dernière épreufe, cha a l’air tout simpe à première veue (vue) mais tite lunette ch’est un grind timite et les histeoires ed cœur ch’est pas sin truc. Pour réussir chette épreufe, les gars dal confrérie l’ont aidé un pew. Il a fait un tchiot bouquet margrites (marguerites) et a apprins quéques bielles phrases par cœur. Il s’a dallé vir insuite Sabine, li a donné sin bouquet et li a déclaqué (déclamé) tout du long :
« Sabine,
T’es bielle comme el jour,
Tes yiux brillent comme des étoles,
Te sins bon l’violette. »
Sin cœur battait comme un tchul moniau* car jameus i n’aveut parlé ainsin à eune jone file.
Sabine était rouge comme eune tomate, comme paralysée. Tite lunette sintit que ch’éteut l’momint et in profita pour li voler sin baisse sul bouque bin évidemment.
Il a arparti in ceurant et criant à tout va qu’il aveut réussi. La belle Sabine pinseut qu’c’éteut pour alle mais ch’Gab saveut qu’c’était pour aute cosse.
Ses copen-yes (copains) l’attindeutes comme à la fin ed chaque épreufe pou l’féliciter.
El seoir, ch’Gab artreuva sa bande derrière l’églisse et après eune tite cérémonie, il rintra dins la confrérie des courageux de Berlincourt-le Cauroy. In inscrivit sin nom su un registe ; désormais i faiseut partie dal bande.
Allez saveoir pouquo mais Ch’Gab a fait eune deminde pou que Sabine rintre dins l’confrérie.
Fin
Gabriez Caux
Merler, Ansquin et Delambre : familles de Berlancourt- le Cauroy
cœur battait comme un tchul moniau : expression pour dire que son cœur battait très vite